Sébastien Simon,
un Sablais sur le Vendée Globe

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Le Vendée Globe,
c'est mon rêve !

Sébastien Simon savoure déjà. Comme un gamin qui réalise son rêve. Après une année compliquée, rythmée par plusieurs casses sur les foils, il est temps de se projeter vers le grand départ, le 8 novembre prochain aux Sables d’Olonne.

C’est le 30 août qu’il a officiellement validé son ticket pour le Vendée Globe. Mais ceux qui connaissent Sébastien Simon savent qu’il ne pouvait en être autrement. Lui, le Vendéen, le Sablais, a cette course en lui. « Le Vendée Globe, c’est vraiment mon rêve, c’est mon leitmotiv depuis longtemps. J’ai commencé à véritablement en parler en 2017 avec mes partenaires. On a appris à se connaître, on s’est fait confiance. Il a fallu imaginer un projet, construire le bateau, monter une équipe, et maintenant nous y sommes ». Non sans mal, car depuis la mise à l’eau, son Imoca a subi plusieurs casses sur les foils, ces fameux appendices qui vont certainement changer la donne de ce Vendée Globe 2020. « Ça m’a évidemment beaucoup touché, parce que je suis le premier concerné. Mais je pense que le pire est derrière nous, on va pouvoir repartir vers quelque chose de plus positif avec un peu plus de réussite. J’ai un bateau de dernière génération, performant, et surtout je suis déterminé. Je sais que mon bateau a le potentiel pour gagner le Vendée Globe. Je ne dis pas que je vais le gagner, mais j’en ai envie, c’est sûr ! » Il est comme ça Sébastien Simon, pas du genre à rester les bras croisés ou à subir. Celui qui a remporté l’exigeante Solitaire du Figaro en 2018 a la compétition chevillée au corps. « Nous sommes prêts », assure-t-il.

Imoca Arkéa-Paprec

« Je me positionne en tant que patron »

Même s’il part en solitaire, le skipper Sébastien Simon dit toujours « on ». Car ce projet Vendée Globe, c’est celui de toute une équipe. A ses côtés, il y a Vincent Riou, vainqueur de l’épreuve en 2004. « Avec mes partenaires, nous avons tout de suite imaginé un projet ambitieux. Il y a la course Vendée Globe mais aussi la construction du bateau qui va avec. Je me suis entouré de Vincent Riou pour m’aider à concevoir et construire ce bateau. Pour lui, c’était le moment de transmettre comme il le dit. Ça a été une étape passionnante de ma vie. » Un soutien, une expertise et une expérience inégalables. Travailler ensemble, naviguer ensemble, apprendre l’un de l’autre, échanger, c’est tout ce que les deux navigateurs ont partagé. Mais à l’heure du départ, le boss, c’est bel et bien Sébastien Simon ! « Je ne suis pas tout seul mais je me positionne en tant que patron, je me sens prêt. » La transformation est flagrante depuis plusieurs mois maintenant. Sébastien a pris sa place, son envol, il a gagné en confiance. Et il savoure cette nouvelle étape, une de plus. « Quand le bateau a été mis à l’eau la première fois, j’avais déjà réalisé la moitié de mon rêve, maintenant c’est l’heure de la deuxième partie du rêve : faire le tour du monde sur ce bateau. Et puis j’ai la chance d’avoir des partenaires fidèles à mes côtés, d’avoir un bateau performant, il n’y a plus qu’à ! »

Sébastien Simon
J’ai un bateau de dernière génération, performant, et surtout je suis déterminé. Je sais que mon bateau a le potentiel pour gagner le Vendée Globe.

« Les départs et les arrivées c'est toujours une immense émotion »

Pour la suite du rêve, une partie de l’histoire est déjà écrite. Un départ sur les pontons sablais, le 8 novembre, chez lui, dans sa ville, là où il a pris le temps de rénover une maison de famille. Là où sa grand-mère habite toujours. Il est le premier Vendéen de naissance à être sur la ligne de départ. Et cela compte dans la grande histoire du Vendée Globe ! Il envisage avec un peu d’appréhension la vague d’émotion qui submerge le ponton de Port Olona à quelques minutes de larguer les amarres. « C’est un peu ma seule inconnue, la gestion de l’émotion au départ. Je me souviens très bien, au moment du Vendée Globe 2012 des arrivées de François Gabart et d’Armel Le Cléac’h ! J’ai ressenti une émotion comme jamais, et je me dis que si j’arrive à la ressentir en tant que spectateur, qu’est-ce que ça va être en tant que compétiteur... » C’est d’ailleurs ce jour-là que Sébastien Simon a eu la révélation : lui aussi serait un jour au départ de la plus prestigieuse des courses en solitaire autour du monde. Une aventure qu’il va partager dans quelques semaines avec son ami Benjamin Dutreux, Vendéen d’adoption. Amis dans la vie, c’est à l’université de Nantes qu’ils se sont rencontrés. Et c’est ensemble, amis mais concurrents, qu’ils seront tous les deux au départ le 8 novembre.

Un départ qui ne se fera plus parmi les favoris après les dernières avaries, mais finalement, ce n’est peut- être pas plus mal... « C’est vrai que j’aurais aimé partir en position de leader, tout le monde aime ça. Ce n’est pas le cas mais peut-être qu’être outsider va me permettre de partir avec l’esprit un peu plus libéré, sans rien lâcher, et puis... on n’est pas à l’abri d’une bonne surprise ! » lâche-t-il dans un petit sourire...

Logo du Vendée Globe

Le Vendée Globe
Un rêve d'enfant

« J’ai toujours été passionné par le Vendée Globe. Avec mon père, nous suivons cette course depuis le début. En vivant aux Sables d’Olonne, on peut presque dire que j’ai grandi avec ce tour du monde ! J’ai dû faire tous les départs et les arrivées et j’ai senti cette émotion pesante. C’est un sentiment assez incroyable à ressentir alors que tu n’es que spectateur. »

Quand il gagne sa première étape de Solitaire du Figaro en 2015, l’idée commence à germer dans la tête de Sébastien : « et si j’étais capable de le faire ? » Les résultats en Figaro s’enchaînent et le Vendée Globe devient une véritable source de motivation pour aller chercher toujours plus loin.

En 2017, Jean-Pierre Denis, Président du groupe Arkéa et déjà sponsor de Sébastien via la filière d’excellence Bretagne CMB l’appelle : « On va y aller. » Quelques mots qui viennent concrétiser le rêve du jeune marin sablais.

« Avoir un bateau neuf pour lequel j’ai participé à la construction, c’est la première moitié de mon rêve qui se réalise. Être au départ du Vendée Globe le 8 novembre, ce sera la deuxième moitié... »

Sébastien Simon Sébastien Simon
Les résultats en Figaro s’enchaînent et le Vendée Globe devient une véritable source de motivation pour aller chercher toujours plus loin.
Imoca Arkéa-Paprec

« Mon meilleur souvenir de Vendée Globe ? L’arrivée de François Gabart et d’Armel Le Cléac’h en 2012»

« C’était un dimanche. J’avais assisté à l’arrivée de François (Gabart ndlr), il y avait un monde fou ! C’était vraiment un truc de dingue ! Armel (Le Cléac’h ndlr) allait arriver peu de temps après mais je devais retourner à Bordeaux pour mes cours du lendemain. J’étais tiraillé entre rester pour accueillir Armel ou être sérieux et faire la route pour rentrer. Et puis j’ai vu tous les spectateurs quitter les Sables d’Olonne. En l’espace d’une heure, on est passé d’une foule impressionnante à une ville fantôme... J’ai dit à mon père : « ce n’est pas possible, il n’y aura personne pour l’arrivée d’Armel ! » Je suis resté et j’étais là pour son arrivée en fin de soirée. Finalement, tout le monde est revenu ! Je n’ai pas compris où ils étaient tous partis entre-temps. Et le lendemain, j’étais encours!»

Logo du Vendée Globe

Le Vendée Globe
Les étapes-clés selon Sébastien

« Je redoute énormément les premiers jours de course. Il y aura forcément beaucoup d’émotion, de stress, d’appréhension. Se dire que l’on va passer 80 jours sur le bateau, ce n’est pas anodin, il faut du temps pour se mettre dans le bain. J’ai toujours eu une boule au ventre au moment de partir, même quand je faisais du Figaro. J’avais un petit coup de stress, je n’étais pas serein. Heureusement au bout de quelques jours, ce sentiment se dissipe et c’est parti ! »

« Les alizés du sud-est dans l’Atlantique sud sont peut-être les conditions les plus faciles parce que nous serons encore frais, ce sera encore maniable. Le plus compliqué restera à venir. »

Cartographie du Vendée Globe

« Je redoute plutôt l’approche dans l’océan Indien et le passage de l’Australie avec toutes les dépressions qui se forment. Elles sont souvent très creuses et rapides. Je n’ai pas envie de m’y faire piéger. Ce sont des coins que je ne connais pas mais l’on m’a toujours dit que les mers du sud étaient hostiles. J’éprouve forcément un peu d’appréhension. »

« Le Cap Horn, au-delà du symbole, c’est le signe de la dernière ligne droite avant l’arrivée. Lors de l’édition précédente du Vendée Globe, Armel Le Cléac’h l’avait passé pendant les fêtes de fin d’année et je m’étais dit que c’était une belle récompense. Être seul dans ces moments-là, ça ne doit pas être simple. Voir le Cap Horn, c’est signe que la maison approche et qu’on a déjà fait un bon bout du chemin ! »

Logo du Vendée Globe

Le Vendée Globe
Les concurrents vus par Sébastien

33 concurrents dont 6 femmes, 17 récidivistes et 12 skippers étrangers, cette 9e édition du Vendée Globe bat des records. Sébastien Simon dont ce sera la première participation observe depuis plusieurs mois les bateaux et les skippers Imoca. Il livre son regard sur les concurrents.

« Les plus gros clients à la victoire sont selon moi Jérémie Beyou, Alex Thomson, Charlie Dalin et Thomas Ruyant. Ils ont des bateaux de dernière génération très performants. Jérémie et Alex ont beaucoup d’expérience sur cette course et Jérémie a prouvé qu’il avait su fiabiliser son bateau. Charlie de son côté a montré une belle régularité.

Boris Hermann, Kévin Escoffier et Sam Davies seront en position d’outsiders. Ce sont des Imoca d’ancienne génération mais qui ont été améliorés. Ça reste de très bons bateaux et des marins que l’on a souvent retrouvé devant. Je pense que l’on peut compter sur eux pour être devant et on n’est pas à l’abri d’un podium. »

Départ Vendée Globe
Les plus gros clients à la victoire sont selon moi Jérémie Beyou, Alex Thomson, Charlie Dalin et Thomas Ruyant.
Logo du Vendée Globe

Se préparer à son 1er Vendée Globe
Le corps...

Un Vendée Globe, ça se prépare sur l’eau mais aussi à terre. Tous les éléments qui peuvent aider le marin dans sa performance vont être analysés et optimisés afin de mettre le skipper et l’homme dans la meilleure configuration possible. Sport, nutrition, sommeil mais aussi solitude, quelles sont les étapes- clés de la préparation de Sébastien Simon ?

Préparation physique : varier les plaisirs

« Je fais du cardio training avec le pôle Finistère Course au Large deux fois par semaine plus une séance individualisée une fois par semaine avec Ronan Martin. Pendant cette séance de renforcement musculaire hebdomadaire, il me pousse beaucoup plus loin que lors des séances de groupe. Ça m’a permis de réellement progresser.

Au minimum, j’essaie de faire une séance de course à pied par semaine, idem pour le squash voire deux séances. Le surf, si je peux y aller deux fois par semaine, je suis content ! Je manque un peu de temps mais j’essaie quand même de m’imposer un certain rythme, c’est important. »... »

Sébastien Simon Sébastien Simon
J’essaie de faire une séance de course à pied par semaine, idem pour le squash voire deux séances. Le surf, si je peux y aller deux fois par semaine, je suis content !
Sébastien Simon

Nutrition : essayer de faire comme à la maison

« Je n’ai pas de régime particulier sur l’année. Plus l’échéance approche et plus je fais attention car si je m’écoutais, je boirais des sodas et je mangerais des bonbons toute la journée ! Je m’interdis d’acheter des cochonneries comme ça je ne suis pas tenté. J’essaie également de manger moins de viande même si ce n’est pas toujours simple. Pour l’avitaillement du Vendée Globe, je travaille avec Virginie Auffret, une nutritionniste qui me conseille depuis ma première transat en 2016. Elle crée des menus type avec l’apport protéïque nécessaire.

L’avantage c’est qu’elle me connait bien. Lors de notre première collaboration, elle avait fait des menus avec beaucoup de graines et de fruits secs mais je n’aime pas du tout ça donc je ne les mangeais pas. Elle sait s’adapter au goût de chacun mais étant donné qu’on ne peut pas conserver les aliments, ce n’est pas toujours simple de se nourrir. Virginie a toujours de bonnes idées pour essayer de se rapprocher de mon mode d’alimentation à terre. Par exemple, au lieu de prendre du lait frais avec des céréales, il existe des briquettes de lait concentré non sucré. Elle me fait tester plein de choses pour essayer de faire comme à la maison ! »

Logo du Vendée Globe

Se préparer à son 1er Vendée Globe
...et l'esprit

Sommeil : dormir quand le jour se lève

« La gestion du sommeil est vraiment propre à chacun. J’étais accompagné sur cette partie avec le pôle Finistère Course au Large à mes débuts. Cela m’a aider à comprendre les mécanismes du sommeil. Ensuite l’expérience et la connaissance de soi permettent de connaître ses limites et de savoir quand il faut aller se reposer.

J’aime bien être actif en début de nuit et j’adore aller dormir quand le soleil va se lever. Je ne sais pas expliquer pourquoi mais je n’aime pas voir le jour se lever. Il faut que je sois en train de dormir quand le soleil se lève ! C’est un moment où je suis très fatigué et si je rate ce moment pour aller dormir, j’aurais du mal à récupérer.

En Imoca, ça dépend vraiment des conditions mais je peux dormir, 30, 40 voire 50 minutes d’affilée. Parfois, je me réveille juste pour voir si tout va bien et je me rendors. »

Sébastien Simon

Préparation mentale : savoir prendre du recul

« La préparation mentale m’a beaucoup aidé quand j’étais en Figaro, surtout les deuxième et troisième années. J’étais bridé par le fait de me comparer sans cesse aux autres concurrents. Je regardais constamment ce qu’ils faisaient. Cela devenait presque maladif. J’étais uniquement dans la comparaison, dans le doute. Cela me bouffait énormément d’énergie et ça générait du stress. Je me questionnais beaucoup sur ce que les autres pouvaient penser de moi. Cela me touchait car je suis plutôt émotif et sensible. La préparation mentale m’a aidé à me concentrer sur moi et non plus sur les autres. Egalement à prendre confiance en moi et essayer de faire en sorte que les choses ne m’atteignent pas directement au cœur comme avant où je me mettais à pleurer pour un oui ou pour un non. J’arrive aujourd’hui à prendre plus de recul mais je suis toujours accompagné par Anne-Julie Briend sur cet aspect de ma préparation. »

Sébastien Simon
En Imoca, ça dépend vraiment des conditions mais je peux dormir, 30, 40 voire 50 minutes d’affilée. Parfois, je me réveille juste pour voir si tout va bien et je me rendors.

Météo : étudier des centaines de pages

« J’ai profité du confinement pour peaufiner ma formation météo en suivant les visioconférences proposées par le pôle Finistère Course au Large. Avec Christian Dumard et Jean-Yves Bernot, nous avons étudié les situations météo que l’on pourra rencontrer lors du Vendée Globe. Les scénarii dans les différents océans à certaines périodes, les stratégies à adopter, etc. J’ai étudié le roadbook de Jean-Yves, des centaines de pages de schémas météo ! »

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Se préparer à son 1er Vendée Globe
L'apprentissage de la solitude

« Ce serait mentir que de dire qu’être tout seul en mer pendant plusieurs mois ne me fait pas peur. Mais compter le nombre de jours qui me sépare de l’arrivée, tout comme compter combien de jours me séparent du départ, c’est ce qu’il y a de pire. Il faut plutôt vivre le moment présent sans trop se poser la question du temps qui passe. C’est lorsque tu commences à décompter le temps, qu’il devient long ! »

« Quand tu fais ta journée, ton rythme à bord, que tu te concentres sur ta navigation, que tu prends un peu de nouvelles de la terre, ça passe beaucoup plus vite. Il faut avoir une routine et tout de suite trouver le rythme de vie à bord. Tant que tu ne l’as pas, c’est un peu dur. Tu te sens fatigué, ce n’est pas confortable... La routine permet d’avoir toujours quelque chose à faire et donc de ne pas s’ennuyer. C’est dans les moments d’ennui que tu peux ressentir la solitude. Pour éviter cela, je vais emmener des livres, quelques films, de la musique. Mais les moments de solitude finissent toujours par arriver.

Imoca Arkea Paprec
Pendant le Vendée Globe, je pense que cela va être dur quand je serai en décalage avec mes proches par rapport au jour et à la nuit.

Pendant le Vendée Globe, je pense que cela va être dur quand je serai en décalage avec mes proches par rapport au jour et à la nuit. Sûrement aussi pendant les fêtes de fin d’année et Noël en particulier. Ces moments-là ne vont pas être simples. »

« Le fait d’être seul me permet de réfléchir à des sujets auxquels je ne pense pas forcément à terre. Notamment concernant mes proches, la façon dont je me comporte avec eux, pourquoi parfois je suis trop exigeant. Comme une sorte d’introspection même si ça ne me sert pas longtemps de leçon ! Le naturel revient au galop ! Cela peut juste être un message pour dire à la personne que je pense à elle alors que je ne le ferais pas d’habitude. »

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