Ce qu’il faut retenir
• Yoann Richomme est le 2e skipper le plus rapide de l’histoire du Vendée Globe, en bouclant le tour du monde en 65 jours 18 heures 10 minutes et 02 secondes
• L’équipe Paprec Arkéa, constituée il y a trois ans, est basée sur un modèle de co-partenariat unique dans la course au large dans lequel le groupe Paprec et le crédit Mutuel Arkéa sont co fondateurs et co-propriétaires de l’écurie de course.
• Paprec et Crédit Mutuel Arkéa, des sponsors fidèles de la course au large, totalisant 6 participations au Vendée Globe et 4 victoires à la solitaire du Figaro Paprec
• Bizuth sur cette course, Yoann n’avait jamais navigué dans les mers australes
• Après deux saisons en IMOCA, il compte 2 victoires, 3 podiums, et aucun abandon
Parce que Yoann ne sait pas faire autrement, il a tout donné jusqu’au bout. Malgré une avarie de voile qui l’a pénalisé en fin de semaine dernière, le marin a continué à s’employer, à trouver le moindre détail technique, la moindre veine de vent pour tenter de revenir sur son adversaire direct. À la fin de ce combat de chaque instant, qu’il mène sans relâche depuis le 10 novembre dernier, Yoann a franchi la ligne d’arrivée, ce mercredi 15 janvier à 7 heures 12 minutes. Ce compétiteur acharné sait qu’il vient de réaliser une course hors norme à plus d’un titre.
Deux partenaires, une équipe, un même objectif
À l’origine de cette aventure, il y a l’implication forte de deux partenaires majeurs de la discipline, réunis par des valeurs communes. D’un côté, le Crédit Mutuel Arkéa, présent en course au large depuis 2011, à travers une filière de détection des jeunes talents Région Bretagne – CMB qui a permis de découvrir et d’accompagner des champions comme Tom Laperche, Anthony Marchand et Gaston Morvan, et son tour du monde (l’Arkéa Ultim Challenge - Brest). De l’autre, Paprec Group, incontournable du circuit IMOCA qui a disputé six Vendée Globe, remporté sept victoires majeures et qui est partenaire principal de deux courses majeures (Solitaire du Figaro Paprec, Transat Paprec).
Ensemble, ces deux groupes ont bâti un co-partenariat, un modèle économique sans égal, destiné à bâtir un projet ambitieux. Il y a à peine quatre ans, les deux groupes ont fait confiance à un autre duo constitué de Yoann Richomme, skipper talentueux et déterminé à vivre une telle aventure, et Romain Ménard, team manager. Les deux hommes ont eu la latitude pour constituer une équipe, construire un bateau avec pour principale mission de faire briller l’IMOCA Paprec Arkéa sur le Vendée Globe.
Une montée en puissance fulgurante
L’équipe fraîchement constituée s’est ensuite affairée à la conception d’un bateau. Pour la première fois, Antoine Koch, associé au cabinet Finot-Conq, est sollicité comme architecte et dessine l’IMOCA en collaboration avec le bureau d’étude Paprec Arkéa et l’implication de Yoann. Ce travail commun, inédit et fructueux, véritable défi technologique, a abouti à un bateau performant et redoutablement efficace. Des dizaines d’entreprises et d’artisans se sont succédé au chantier breton Multiplast de Vannes afin de lui donner corps tout au long des treize mois de chantier. Il y a 3 ans, le 20 janvier 2022, le premier tissu de carbone de Paprec Arkéa était déposé dans le moule de coque. En février 2023, l’IMOCA est mis à l’eau : il reste alors moins de deux ans avant le départ du Vendée Globe.
Durant ces deux saisons, l’équipe se mobilise au quotidien pour fiabiliser le bateau, peaufiner, optimiser et améliorer chaque détail. Dans chaque compétition, Yoann monte aussi en puissance progressivement. La Rolex Fastnet Race et la Transat Jacques Vabre terminées 2e avec Yann Eliès, donnent le ton. Plus tard, Yoann remporte deux courses en solitaire - Retour à la Base et The Transat CIC - et s’affirme comme un candidat sérieux au Vendée Globe.Deux victoires, quatre podiums, huit ‘top 10’ en huit courses : les résultats sont déjà de belles promesses.
Un tour du monde de haute volée
Dès les premiers jours de course, Yoann est dans le bon tempo. Il occupe pour la première fois la place de leader après trois jours de course (le 13 novembre) et enregistre le record de vitesse en 24 heures (551,84 milles) au bout de dix jours (le 20 novembre). Surtout, sa ténacité et son caractère dur-au-mal lui permettent de revenir sur le duo de tête d’alors dans l’océan Indien, quand Yoann a le courage de laisser la route directe et de prendre des chemins de traverse pour préserver sa machine face à la dépression australe. Une « remontada » de plus de 500 milles, réussie grâce à un engagement de chaque instant, un symbole supplémentaire de son courage et de sa résistance.
Dans ces mers du Sud harassantes, où il savoure parfois le bonheur simple d’apercevoir la terre (les îles d’Auckland), Yoann imprime le rythme en tête de course. Avec Charlie Dalin, il impose progressi vement un mano a mano saisissant à haute vitesse. Leader douze jours en décembre, le skipper de Paprec Arkea passe le cap Horn en tête et empoche par la même occasion deux records (entre le départ le Horn en 43 jours, entre le Cap Leeuwin et le Horn en 13 jours). Dépassé dans l’Atlantique Sud par son inséparable rival, Yoann continue à pousser le dernier week-end. Pénalisé par une avarie de voile, le J0, tombée à l’eau vendredi, le marin cède alors la victoire malgré le baroud d’honneur mené au portant à haute vitesse le long des Açores les jours précédents.
Ce duel, saisissant par son intensité, aura opposé deux virtuoses qui ne laissent rien au hasard, parviennent à minimiser les erreurs et à maximiser en permanence les performances de leur bateau. Une opposition de style et un numéro de duellistes qui appartiennent déjà à l’histoire, et qui fait penser aux plus grands duels de l’histoire du sport, Nadal / Federer ou Prost / Senna !
Bien plus qu’une victoire
S’il a su faire preuve d’un sang-froid et d’une détermination sans faille, Yoann s’est également illustré pour son analyse tactique hors-pair, qu’il a su partager avec talent lors de capsules vidéos didactiques. Sa gestion du bateau, bien aidée par le travail colossal réalisé en amont par toute l’équipe, est également remarquable. Yoann n’a eu aucune avarie majeure à déplorer tout au long du tour du monde, seul un hook a cassé 4 jours avant l’arrivée, un exploit en soi tant la répétition des efforts et l’usure ont un impact sur les bateaux. Le marin s’est également distingué par sa ténacité, capable d’appuyer sur l’accélérateur malgré l’importante fatigue physique qu’il a parfois ressentie.
À l’arrivée de cette 10ème édition du Vendée Globe, Charlie puis Yoann explosent donc le record précédent qui tenait depuis 2017 (74 jours, 3 heures et 35 minutes) de plus de 8 jours ! Au fil de son aventure, Yoann s’est également impliqué auprès de la communauté scientifique. Il a notamment embarqué un flotteur Argo, largué dans l’Atlantique Sud, et qui fournit des données liées à la température et à la salinité à l’IFREMER. Une façon de participer humblement à la préservation des océans et des écosystèmes. Yoann participe aussi à sensibiliser le jeune public à travers ses vidéos et le guide pédagogique que Paprec Arkéa a développé en partenariat avec la Cité de la voile. Plus de 7000 élèves ont suivi son périple sportif ! De quoi démontrer que son ascension fulgurante et cette place de dauphine qui restera gravée à jamais, dépassent largement le cadre du sport.
ILS ONT DIT
Verbatim Yoann
« Je ne sais pas si j’en ai rêvé mais on l’a fait. Le rythme était incroyable. J’ai essayé de faire ce que je sais faire, je crois que je ne sais pas faire autrement. Charlie était imbattable, stratosphérique et je suis ravi pour lui. Il y a énormément de fierté. J’ai envie de partager ce résultat, de le fêter dignement. Ça a été une sacrée aventure, on s’y était bien préparé et dans ma tête j’étais prêt. Le bateau a été nickel, c’est une vraie réussite, je suis fier de ramener ce bateau à la 2e place. Avant de partir, j’avais l’angoisse de passer au travers, de faire une mauvaise place. Mais aussi de ne pas avoir vu un bout de terre. J’ai été assez émerveillé lors de ce tour du monde. Je rêve de voyage, de découvrir ces îles-là, c’est presque le début d’une aventure qui commencera un jour de naviguer autour du monde. A chaque fois que j’ai vu une terre, j’étais comme un gosse. Ce n’était pas facile tous les jours, il y a eu un rythme difficile, affreux dans la remontée de l’Atlantique. Mais à partir de la fin de l’océan Indien, on a eu des schémas météos de dingue. Et ça c’était génial ! »
Verbatim Paprec
« Nous sommes très fiers de notre champion ! Yoann a mené cette course mythique avec talent, ténacité et une bonne humeur permanente qui défie l’admiration vu les conditions de cette course ! Pour mener ce genre de compétition, il faut être un homme ou une femme d’exception pour savoir piloter habilement ces bijoux de technologie que sont les Imoca. C’est un incroyable challenge intellectuel, physique et psychologique ! » Jean-Luc Petithuguenin, fondateur de Paprec. « Un projet de course au large est avant tout un projet d’innovation et de technologie, comme en Formule 1. L’architecte et le skipper doivent concevoir le meilleur bateau dans une jauge commune. Nous avons mis en place tous les moyens possibles pour parvenir à ce résultat. Un bateau conçu avec les meilleurs architectes du moment, une écurie dédiée et un marin d’exception ! »
Sébastien Petithuguenin, PDG de Paprec Energies.
Verbatim Crédit Mutuel Arkéa
« Au nom de l’ensemble des collaborateurs et administrateurs du Crédit Mutuel Arkéa, je tiens à féliciter chaleureusement Yoann Richomme pour sa magnifique deuxième place sur cette 10ème édition du Vendée Globe, haletante jusqu’à la ligne d’arrivée. Cette performance incarne pleinement les valeurs de notre groupe. L’audace, par notre choix de partir d’une page blanche pour co-construire une véritable écurie de course au large innovante en trois ans seulement, avec à sa tête Yoann Richomme, bizuth en IMOCA et sur le Vendée Globe. L’engagement, avec une équipe de professionnels soudés et dévoués pour faire briller notre IMOCA Paprec Arkéa sur le Vendée Globe, et une résilience de Yoann face aux difficultés et une constance exemplaire tout au long de la course. Enfin, l’ouverture, à travers une aventure qu’il a partagée en transparence, notamment auprès des écoles et un soutien à des causes solidaires et scientifiques. Je tiens également à remercier notre partenaire, le groupe Paprec, qui a contribué à faire de ce projet un modèle unique de réussite collective. »
Julien Carmona, Président du Crédit Mutuel Arkéa
SA COURSE EN CHIFFRE
Arrivée : 15/01/2025 07:12:02 FR
Temps de course : 65j 18h 10min 02s
Écart au premier : 22h 47min 13s
Sur l'ortho : 23 905.63 nm / 15.15 nds
Sur le fond : 28 326.09 nm / 17.95 nds
Ses records :
Vitesse des 24 heures en 551,84 milles (battu ensuite)
Tronçon Cap Leeuwin-cap Horn en 13 j, 9h, 13 min (amélioration de 4 jours)