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Paprec Arkéa a contourné l’iconique rocher du Fastnet ce mardi début d’après-midi, un moment toujours fort et chargé en émotion. Lancés ensuite dans un bord très rapide, à près de 30 nœuds de moyenne, Yoann Richomme et Yann Eliès sont parvenus à revenir sur For the planet, leur adversaire direct. Plus rapides tout au long de la nuit, ils remontent doucement alors qu’ils mettent le cap au Nord-Ouest vers le dernier point de passage avant le waypoint Gallimard.

Ce sont des images époustouflantes, un condensé d’émotions à donner le vertige. Hier, lorsque Paprec Arkéa a dépassé le mythique rocher du Fastnet, Yann Riou – reporter océanique (mediaman) à bord – a envoyé son drone pour saisir l’instant, capter le passage de Paprec Arkéa avant de s’en éloigner.

« Un contournement superbe » pour une grande première

« C’est un endroit qui fait partie de l’histoire et qui me fait rêver depuis mes études d’architecture navale à Southampton », confiait-il avant le départ. « C’était un contournement superbe, témoigne Yoann Richomme. Après un long moment sans vent, on a eu de bonnes conditions pour le dépasser, c’était vraiment incroyable ! »

Pas le temps de s’appesantir, bien sûr, d’autant que la course a redoublé d’intensité. Suite au changement de parcours décidé par la direction de course, Yoann et Yann ont mis le cap vers le waypoint « Trophée Région Bretagne » situé à une centaine de milles de la pointe bretonne… Et ils n’ont pas chômé ! « On a bombardé ! Le bateau a la capacité de tenir des moyennes très élevées, quasiment autour de 30 nœuds, c’est impressionnant ! » Yoann s’enthousiasme de disposer « d’un bateau très aérien » qui « passe super bien la mer » et démontre à nouveau « son potentiel élevé ». « Ça a été vraiment intéressant pour notre apprentissage du bateau dans ces conditions ». Seul pépin à déplorer : la casse d’un support du vérin de pilote qui ne les a pas pénalisés dans leur progression.

Sur la 4eme marche du podium pour l’instant

Dans la soirée, changement de rythme. Le duo s’est attaché à contourner le waypoint « Trophée Région Bretagne ». « ll nous a fallu pas mal de temps pour ralentir, aller sur le pont, ranger, prendre les ris ». Il convenait en effet de reconfigurer le monocoque en passant « d’une version portant à une version au près ». La manœuvre effectuée, l’IMOCA pouvait filer une nouvelle fois vers le Nord-Ouest, à près de 260 milles de là. « En ce moment, c’est plutôt du rodéo, avec 20 à 25 nœuds de vent et 12 à 18 nœuds au près pour le bateau », sourit Yoann.

S’il s’attache beaucoup au développement et à la fiabilité de l’IMOCA, Yoann est moins prolixe à propos du classement. « On a juste For the planet pas loin », dit-il. Pourtant, ce qu’il réalise avec Yann Elies est pour l’instant exceptionnel, surtout à bord d’un monocoque qui a été mis à l’eau il y a 77 jours. 4e tout au long de la journée d’hier, Paprec Arkéa s’est progressivement rapproché de ses adversaires directs (Sam Goodchild et Antoine Koch). À 6 heures ce jeudi matin, les deux bateaux étaient au coude-à-coude mais l’IMOCA bleu et rouge progressait deux nœuds plus vite. Affaire à suivre !

 

Ciel d’été

On est établis au près
Ebahis un peu, par la vitesse en mer
Ou la vitesse en l’air : bateau super aérien
Le bateau passe super bien sur la mer
Et méritoires on l’a été : le ciel nous fait place nette
Un vrai ciel d’été, pour faire un tour de Fastnet
Marque effacée, n’est-ce pas ?
Mais on est repassé au près, en sens inverse
Parce qu’ébahis aussi, de ce phare qu'on a passé ?
Alors ici on y revient, tabasser la surface en rodéos
Peut-être pas roder autour, mais repasser pas loin
Pas loin du phare, direction le point Gallimard

Jean-Marie Loison-Mochon