C’est une courte vidéo, envoyée en milieu d’après-midi mardi par Yoann Richomme et qui donne le ton. « Ça ressemble un peu à une machine à laver, s’amusait Yoann, le regard toujours attentif. L’objectif, c’est surtout de préserver le bateau ». Il en fallait du sang-froid et de la concentration pour éviter tous les pièges depuis le départ. Il y a les conditions particulièrement toniques, la mer agitée, les courants, le trafic, les cailloux, les concurrents… Bref, la vigilance était totale.
Un duo en mer, la force de l’équipe à terre
Et dans cet exercice, malgré la pression et la tension nerveuse, Yoann et Yann ont su se concentrer sur la priorité : être dans le match et préserver le bateau dans une Manche très dure. 2ème en arrivant au large de Cherbourg, ils sortent 4ème de la bataille de virements de bord en attaquant les îles anglo-normandes, position qu’ils conservent ce mardi matin. Alors que la flotte a mis le cap plein Ouest, les bateaux restent proches : Paprec Arkéa compte 21 milles de retard sur le leader Charal (Jérémie Beyou – Franck Cammas). Bref, la feuille de route d’être au contact des leaders et de jouer le top 5 est respectée.
S’ils sont deux à bord, toute une équipe est fortement mobilisée, et ce départ matinal l’a de nouveau prouvé. Dès 3h30, les techniciens étaient au bateau pour la manœuvre de départ de quai et enfin larguer les amarres. La présence d’équipiers à bord avant le départ a également été précieuse. En effet, une boîte de lattes s’est cassée lors de la mise en place des voiles à la sortie du port du Havre, obligeant la mobilisation de tous. « Dès que le problème a été identifié, l’équipe à terre a été prévenue. Elle a trouvé la pièce et l’a rapidement amenée à ceux en stand-by au port de plaisance, qu’ils sont partis livrer en mer pour qu’on procède aux réparations, explique Gautier Levisse, responsable du bureau d’études. On a bricolé pendant 40 minutes avant de sauter du bord et laisser Yann et Yoann prendre les commandes ». Cet épisode démontre à nouveau la solidarité et la cohésion du collectif Paprec Arkéa, prêt à se mobiliser à tout moment.
Un passage de front et un choix crucial
Pour six membres de l’équipe d’ailleurs, la course s’est poursuivie à terre. « On suit le bateau du Havre jusqu’à Brest avec une camionnette, du matériel et un zodiac, expliquait Gautier hier soir. L’idée, c’est de pouvoir intervenir à tout moment avant qu’ils ne prennent le large, l’assistance étant autorisée sur la Transat Jacques Vabre ». Dans la foulée, ils rejoindront la base à Lorient afin de commencer à planifier la suite et le chantier d’hiver qui aura lieu au retour du monocoque fin décembre. « Pour nous aussi, le travail continue », sourit Gautier.
Tous auront également un œil sur la cartographie pour suivre la progression de l’IMOCA Paprec Arkéa. La suite s’annonce en effet particulièrement intense. Un passage de front avec des vents de 35 à 40 nœuds et une mer avec plus de 4 mètres de houle est au programme. Dans le même temps, les deux skippers doivent décider quelle route ils emprunteront pour la suite. Deux options sont sur la table: longer les côtes portugaises, filer vers le sud au risque d’avoir moins de vent, contourner l’anticyclone par l’Ouest ou filer au Nord, option plus courte mais plus audacieuse. « On va regarder les fichiers et prendre le temps pour que la décision soit bonne », assurait Yoann. En somme tout s’accélère et ce n’est pas pour déplaire aux âmes de compétiteurs des deux skippers de Paprec Arkéa.