Lorsque Yoann Richomme a quitté les pontons de Lorient dimanche dernier, il dégageait une impression de sérénité, une force tranquille prête à retrouver l’océan. Ce visage concentré s’est illuminé d’un large sourire une poignée d’heures plus tard. Le départ venait d’être donné sous un beau ciel bleu et la vitesse lui a vite permis de retrouver les sensations du large. « C’est un départ de la maison hyper agréable », confie-t-il alors dans une vidéo, conscient que « ça va aller vite ».
S’accrocher et redoubler d’efforts
Rien n’est jamais facile en mer à bord de ces bateaux-là et Yoann y est bien préparé. Alors que la flotte a longé les côtes bretonnes, est montée jusqu’à Penmarc’h avant de mettre le cap vers le Sud de l’Irlande, il a fallu s’accrocher. « Ça a secoué fort lors de la première nuit », reconnaissait le skipper de Paprec Arkéa lundi matin. Dans son message vocal, on entendait le bruit sourd à chaque fois que le bateau retombait dans les vagues. « Ça tape c’est violent, instable, inconfortable ». Chez Yoann, ce n’est pas une plainte, juste le constat saisissant de ce combat de chaque instant dans 25 à 30 nœuds de vent. « J’essaie de tartiner comme je peux ! »
Dans ces conditions-là, la fatigue finit par grignoter de l’énergie et il arrive, lors d’une fraction de secondes, de « se demander un peu ce qu’on fait là ». « Il ne faut pas oublier que c’est la remise en jambe de la saison ». Légèrement frustré en début de course, occupé par « quelques petits problèmes techniques peu significatifs », Yoann a su, en se positionnant avec audace et sang-froid, recoller à la tête de flotte. La nuit dernière, il avançait au cœur de la dépression et, malgré l’absence de vent, il a fallu redoubler d’efforts pour continuer à avancer et se jouer de l’instabilité des conditions.
« Ça tourne bien en solo »
Cette 2ème nuit a eu valeur de transition : en sortant de la dépression, Paprec Arkéa a mis le cap vers l’Ouest. « On va avoir du vent fort toute cette journée de mardi », précise Yoann avant de négocier une dorsale anticyclonique mercredi. « Ça va être 24 heures dans du reaching fort, il va falloir trouver un rythme régulier pour s’en sortir sans dommage ». Comme une récompense, cette nouvelle phase de jeu laissera ensuite place à une partie au portant, « ce qui devrait être un peu plus simple ».
S’il sait qu’il devra continuer à s’employer comme jamais dans les prochaines heures, Yoann a quelques motifs de satisfaction. Il est bien positionné - dans le ‘top 5’ au classement et aux côtés des favoris - et il a surtout retrouvé tous ses automatismes à bord après cinq mois de chantier. « Ça tourne bien en solo, les manœuvres se déroulent sans accroc », résume Yoann. Par ailleurs, le marin assure « bien dormir » aussi, même s’il ne compte pas vraiment ses heures de sommeil. Et la ruée vers l’Ouest ne fait que commencer !