Il y a un constat identique, pour Yoann à bord comme pour tous ceux qui espèrent sa victoire : ces derniers jours, ce long bord vers la Guadeloupe semble si long. À mesure qu’il creuse l’écart et que les arrivées se succèdent à Pointe-à-Pitre, l’envie de célébrer son arrivée, de fêter son retour sur la terre ferme et l’exploit qu’il s’efforce de réaliser se fait de plus en plus forte.
Une forme d’impatience commence à gagner les rangs chez tous ceux qui ont contribué, participé et suivi le projet. Et cette impatience est identique à bord.
Oui, c’est un peu monotone. On avance tout droit, il y a très peu de réglages même si j’ai envoyé le spi dans la nuit. Je passe un peu de temps sur le fonctionnement du bateau, je vérifie l’état de la mer... Mais en soi, ce n’est pas compliqué
Yoann
Ces « petits détails » qui comptent pour l’IMOCA
Quelques jours plus tôt, il fallait résister aux caprices de la météo. Là, il convient de faire attention à ne pas se faire ronger par une sorte de monotonie. L’envie de retrouver les petites joies de la terre se fait plus prégnante. Yoann évoque « le simple fait de se tenir longtemps debout, de marcher » mais aussi d’évoluer dans un environnement sans le sifflement continu induit par le fonctionnement du bateau.
Yoann en profite, aussi, pour penser à la suite. S’il assure « avoir du mal à se projeter sur l’avenir », il tient à conserver quelques idées, quelques remarques qui pourront être précieuses et s’appliquer à l’IMOCA Paprec Arkéa dont la mise à l’eau est prévue au début de l’année. « Ce sont pleins de détails qui ont leur importance afin de s’imaginer sur le bateau : quelle solution trouvée pour bien dormir ou encore comment gérer la chaleur dans un cockpit fermé… »
« Yoann fait une course incroyable » (Le Turquais)
Dans le même temps, Yoann garde un œil sur la bataille en IMOCA. La prise de contrôle de la course par Thomas Ruyant (LinkedOut) lui fait dire « qu’il y a toujours du match, que rien n’est figé ». De son côté, pour se fixer des objectifs et continuer sa marche en avant, il tente de « rattraper les IMOCA » qui sont à proximité de sa trajectoire. Certains skippers en IMOCA, justement, se montrent admiratifs de la prestation du double vainqueur de la Solitaire du Figaro. Après Guirec Soudée (Freelance .com) hier, c’est Tanguy Le Turquais (Lazare) qui s’est dit admiratif lors de la vacation.
Yoann est à 200 milles devant moi. Il fait une course incroyable avec un bateau de 5 mètres de moins
Ce lundi, alors que l’arrivée se rapproche plus que jamais, la journée sera un peu plus animée. Alors qu’il évolue toujours au portant, le skipper Paprec Arkéa devra composer avec du vent forcissant, autour de 22 à 25 nœuds. Surtout, « il y aura des empannages à faire à partir de ce matin et de cet après-midi. L’idée, c’est de faire un gros recalage dans le Nord-Ouest pour arriver dans les meilleures conditions en Guadeloupe ». Si Yoann a hâte de terminer, il aspire à y parvenir avec le sérieux et l’esprit de compétition dont il fait preuve sans relâche depuis douze jours.