Il y a une dizaine de jours, Yoann Richomme arrivait au petit matin dans la baie de Fort-de-France, sourire aux lèvres. Avec Yann Eliès, ils venaient de boucler 5 448,80 milles (10 089 km) en l’espace de 12 jours et 1 heure de course. En terminant 2e de la transat Jacques Vabre, le duo démontrait toutes les qualités de Paprec Arkéa, mis à l’eau en février dernier, et habituait connaisseurs et curieux à voir le bateau bleu et rouge aux avant-postes des batailles en IMOCA.
« C’est un moment de vérité en soi »
Désormais, toute l’équipe est mobilisée pour un nouveau challenge : le Retour à la Base. Disputée à partir de jeudi 30 novembre, cette transatlantique de Fort-de-France à Lorient, donc d’Ouest en Est, est l’unique course en solitaire de la saison et surtout une première en IMOCA pour Yoann.
Un sacré challenge d’autant qu’elle est qualificative pour le Vendée Globe : il faudra la terminer pour valider la participation au plus connu des tours du monde. « Ça va être une course très intéressante pour découvrir le bateau en solo, confie Yoann. C’est un moment de vérité en soi ». Les belles performances à la Transat Jacques Vabre ont permis « d’emmagasiner pas mal de confiance », « d’acquérir des repères, des automatismes, de l’efficacité et de la réactivité ». « J’adore la vie à bord du bateau, je me sens en confiance et c’est vraiment plaisant ».
Depuis l’arrivée à Fort-de-France, dimanche 19 novembre, l’équipe s’est affairée avec sérieux et exigence à préparer le bateau. Elle a effectué « quelques réparations à l’avant » pour « permettre d’être opérationnel ». Yoann a lui aussi rechargé les batteries entre moments en famille, séances de sport et échanges avec le team. Il en faudra de la fraîcheur et de l’influx nerveux pour une course qui s’annonce passionnante. « Lors de la 2e partie de la transatlantique, on va être poussés par des vents au portant vers l’Europe, assure le marin. C’est un scénario auquel on est peu habitués, qui ressemble à celui des mers du Sud ».
« On vise un ‘top 5’ »
Le Retour à la Base s’annonce donc précieux pour continuer à apprendre. « À l’arrivée, on aimerait avoir des réponses sur le comportement du bateau, la capacité à être en symbiose avec lui mais aussi sur les choix de voiles, la gestion et la production d’énergie… ». Autant d’aspects qui seront précieux à travailler en vue du Vendée Globe dans un an. Un travail d’exploration technique en somme mais aussi d’exploration sur lui-même et ses capacités à tenir, en solitaire, à la barre de Paprec Arkéa.
L’objectif n°1, c’est donc de poursuivre l’apprentissage en pleine mer, de veiller à l’intégrité du bateau – « on ne prendra pas de risques inconsidérés » - mais aussi de tenter de s’insérer dans le match aux places d’honneur. « On vise un ‘top 5’ même si on sait ce que cela implique de batailler en tête de course ».
L’étude des fichiers météos fait état « d’une situation standard ». « Un alizé d’Est va nous obliger à faire du près, de remonter vers le Nord en tribord amure jusqu’au-dessus des Antilles, décrypte Yoann. Ensuite, on mettra le clignotant à droite vers les Açores où on devrait être poussés par du vent fort de travers et de portant. » Il ne reste plus qu’à s’élancer et à tout donner !