Avec sept participations au compteur, Yoann Richomme sait que la Rolex Fastnet Race est une course aussi mythique que difficile. Le début de course l’a prouvé alors que plus de 500 bateaux se présentaient sur le plan d’eau dans une mer agitée et plus de 20 nœuds de vent (35 nœuds en rafales). Des conditions qui ne facilitaient pas le positionnement avant le top départ. Paprec Arkéa a réussi un départ canon, figurant dès les premiers milles parmi les bateaux de tête. Malgré un temps maussade typiquement britannique, l’image avait de l’allure.
« L’enjeu, c’est de survivre »
« On a fait une approche qui nous a permis d’être bien placé et de prendre le départ qu’on voulait, confie Yoann. C’était un départ à bâbord, ce qui n’est pas commun mais c’est un gentlemen agreement avec les Anglais ! » Il reconnaît que « ce n’était pas évident de trouver le bon rythme au départ » et qu’il a fallu « quelques virements de bords pour retrouver les automatismes ». « C’était assez intense d’autant qu’on était très proches des autres bateaux. Un groupe (de concurrents) est parti vers le Sud, on en a recroisé un autre qui partait vers l’Ouest ».
© Lloyd ImagesDe leur côté, ils ont « réussi à sortir dans le bon groupe, sourit le skipper. C’est forcément très positif : le bateau est bien préparé, on s’entend bien, on est resté calme ». Il n’empêche, rien n’est facile à bord, la faute à ces conditions dantesques et cette mer formée et chaotique et au passage de front à assurer dans la soirée. Dans l’habitacle, tous les déplacements et les actions sont périlleux, empêchant même d’aller sur le pont du bateau. Car lorsque l’IMOCA retombe des vagues, les impacts sont particulièrement violents. « L’enjeu, c’est de survivre et de ne pas casser le bateau », reconnaît Yoann.
Dans une courte vidéo envoyée en fin d’après-midi, à la sortie du Solent, il doit d’ailleurs se cramponner face à la violence d’un choc. Pourtant, le marin garde le sourire et plaisante à propos de l’état de fatigue de Yann Eliès. Et pour cause : les deux hommes ont fait mieux que tenir bon. Ce dimanche matin, Paprec Arkéa, qui progresse au Sud-Ouest des côtes anglaises, pointe en effet en tête de la flotte. Le monocoque compte même une avance précieuse face à un trio de poursuivants composé de Charal (Jérémie Beyou), Macif (Charlie Dalin) et Sam Goodchild (For The Planet). De quoi faire le point de motivation au moment d’entrer en mer d’Irlande et de mettre le cap vers le mythique rocher du Fastnet.