Placé à l’arrière de son bateau, Yoann Richomme a le souffle court. Son IMOCA progresse dans l’Atlantique Sud avec le Cap de Bonne-Espérance en ligne de mire. Ce mardi matin, à 8 heures (heure française), le skipper avait une mission : larguer le flotteur Argo. Les conditions étaient plutôt toniques – 18 nœuds de vent, 1,5 m de creux – et il fallait être ingénieux pour transporter ce flotteur d’1,70 m et de près de 20 kg. « Je vais la lancer dans l’Atlantique Sud, s’enthousiasme Yoann. Je suis très content de participer à ce programme ! Et c’est parti ! Ciao petit flotteur Argo, envoie-nous de bonnes données ! »
Des plongées à 2 000 mètres tous les 10 jours !
L’objectif de ce flotteur, fourni par l’IFREMER et coordonné par OceanOps, est en effet d’échantillonner des données en matière de température et de salinité. Ingénieur instrumentation à l’IFREMER, Noé Poffa raconte la suite : « Yoann a retiré un aimant qui fait office d’interrupteur et dans la foulée, le flotteur a envoyé un message par satellite pour montrer qu’il fonctionne. Ensuite, l’appareil a plongé à 1 000 mètres puis se stabilise avant de plonger de nouveau à 2 000 mètres et de remonter à la surface d’ici deux jours ». Équipé de capteurs de température et de salinité, le flotteur prendra des mesures à intervalles réguliers en remontant. « Dès qu’il sera de nouveau en surface, il pourra transmettre, toujours par satellite, ses premières mesures », précise Noé. Ces données de température et de salinité seront transmises aux centres de recherche français et américain afin d’aider aux précisions météorologiques mondiales.
L’instrument enverra ainsi des données tous les dix jours, à chaque fois qu’il remontera à l’issue de ses longues plongées dans les profondeurs. Actuellement, il y a près de 4 000 flotteurs qui composent cet incroyable réseau mondial. « Pour les déployer, nous nous basons soit sur des campagnes de navires océanographiques, soit sur des bateaux d’opportunité comme ici avec le Vendée Globe », ajoute Noé.
« Contribuer à aider les scientifiques »
De fait, les concurrents qui participent au programme sont particulièrement précieux grâce à leur route, parfois très éloignée de là où se concentre le trafic maritime mondial. « Dans cette zone entre le Brésil et l’Afrique du Sud, nous avons très peu d’opportunités d’effectuer ces relevés », reconnaît l’ingénieur.
Comme Yoann, huit autres marins largueront des balises Argo. La durée de vie de ses instruments est impressionnante : elle serait d’environ huit ans. « Ceux que nous avons déployés lors du dernier Vendée Globe il y a quatre ans nous envoient toujours des données », sourit Noé. Pour Yoann et l’ensemble du team Paprec Arkéa, participer à cette mission raisonne comme une évidence. « Nous sommes tous des passionnés de nature et d’océan, confiait Yoann avant son départ. Si on peut contribuer, même modestement, à aider les scientifiques, il ne faut pas se priver ! »