Nous avons autant hâte que lui : Yoann devrait franchir le Cap Horn cette nuit ou demain matin. Ça sera son premier Cap Horn et la lutte avec Charlie Dalin pour le passer en tête marque l’histoire de ce Vendée. Être le premier au Cap Horn : un exploit comme cadeau de Noël ?
Pour un marin, le passage de ce cap est un moment mythique. Il entre dans le club fermé des « Cap Horniers ». Car cette route maritime empruntée depuis sa découverte au17ème siècle n’est pas une simple frontière administrative entre le Pacifique et l’Atlantique. Le Cap Horn, rocher haut de 400 mètres, est sur un plateau continental où vient se briser la houle. C’est un entonnoir où se mêlent avec fracas les eaux froides de l’Antarctique et celles plus tempérées du Pacifique, qui se mêlent aux eaux de l’Atlantique. Des creux immenses peuvent s’y former alors que règne un puissant courant ; il n’est pas rare d’y voir des icebergs. Souvent, la météo s’y déchaine et des rafales de 70 nœuds (130 km/h) peuvent balayer la zone.
Pour les navigateurs en haute mer, c’est le lieu de tous les dangers. C’est à cet endroit que Jean Le Cam chavire en janvier 2009, puis que Vincent Riou démâte après l’avoir sauvé. C’est là encore que le canadien Gerry Rouf disparait en janvier 1997 dans des conditions de mer monstrueuses. Son dernier message : « les vagues ne sont plus des vagues, elles sont hautes comme des montagnes »…
Alors, nous, prêts à fêter Noël, bien au chaud, bien entourés, que peut-on imaginer des prochaines heures que va vivre Yoann avant de franchir ce cap et d’amorcer le retour vers les Sables d’Olonne ? Pas grand-chose en réalité. Mais, demain, nous allons trinquer à son courage, à sa ténacité et à sa joie de vivre. A ta santé, Yoann !